Nous sommes aux premiers jours de janvier 2019 et je suis en quête d’un éphéméride. Celui accroché au mur est arrivé à son terme en même temps que l’année précédente. Mes recherches restant plusieurs fois infructueuses, je décide alors de renverser la situation. Je profite de la dernière feuille cartonnée pour y inscrire « Nous sommes Aujourd’hui. Souris. Honore la Beauté autour de toi. Cultive l’Amour ! »
Au début de l’année 2020, je fais finalement le choix de conserver cet éphéméride perpétuel. Je vois donc ce rappel quotidien, peu importe le jour, le mois ou l’année, nous sommes aujourd’hui. Simple vérité. Elle transparaît d’ailleurs dans de nombreuses traditions. Chez les Hopis, par exemple, il n’existe aucun mot pour désigner le passé ou le futur. L’individu décrit l’expérience en intégrant ce qui se passe autour de lui dans l’espace du présent.
La liberté du choix
La situation sanitaire et ses conséquences me permettent de vérifier une fois de plus la puissance du moment présent, lieu de choix et d’accueil de ce qui est. Alors que la liberté de déplacement est limitée s’ouvre en grand l’accès à une autre liberté. Celle de choisir comment répondre aux événements. Celle de continuer à avancer avec confiance et sérénité dans l’inconnu, sans visibilité sur le lendemain. L’illusion d’un quelconque contrôle sur ce qui adviendra demain s’effrite encore un peu plus.
Dans ces circonstances sans précédent, les occasions sont nombreuses pour tester ma capacité à naviguer entre différents états au gré de la journée. Les sollicitations diverses m’offrent la possibilité de décider vers quoi je veux tourner mon attention. Je pratique donc ce que j’enseigne. J’utilise les ressources qui facilitent un retour à la paix intérieure, l’ouverture de conscience et du cœur. Avec vigilance j’observe mes pensées et ce que je me raconte quand une émotion se présente. Chaque matin, je foule la terre avec gratitude, reconnaissante de pouvoir danser pieds nus dans l’herbe et d’avoir la nature environnante en soutien. Je me relie au vivant, au visible et à l’invisible. Chaque situation rencontrée est une opportunité supplémentaire de mettre en lumière ce qui est encore dans l’ombre.
Temps sacré
Cette sacrée période, j’ai choisi de la vivre comme une période sacrée. Un temps de guérison profonde, au niveau individuel autant que collectif. Je veux voir, au fil des jours, cette situation comme un espace de conscience où un autre possible est possible. Un changement d’habitude d’où peut naître un autre rapport à soi et aux autres, à son environnement, à la nature.
Alors que chacun vit une expérience unique, quelques similitudes se sont toutefois dessinées. Certains se sont sentis perdus sans leurs repères ou contacts habituels. D’autres se sont réjouis de découvrir un rythme différent et appréhendent même l’idée du retour au « comme avant ». Beaucoup ont eu à réinventer un quotidien dans un contexte qui avait un effet loupe sur des aspects déjà existants. Certains parfois plus confortables à vivre que d’autres. Ainsi si l’accent est mis sur la santé physique, la santé émotionnelle et la santé mentale sont également à prendre en compte. Ce que nous pensons et ressentons a un impact certain sur notre système immunitaire autant que notre bien-être.
Avancer joyeusement ensemble
Plusieurs ont aussi saisi les nombreuses opportunités de transformation indirectement offertes par cette quarantaine. Pendant les cercles quotidiens que je propose maintenant depuis le début du confinement, je partage ce qui soutient notre joie, notre capacité à naviguer quelle que soit la météo, favorise notre ouverture de cœur, d’esprit et le déploiement de notre créativité. Ensemble nous avons traversé ces dernières semaines en sentant la richesse offerte par le groupe. Le cadre bienveillant crée un espace de progression où l’on ne se sent pas tout seul pour revenir à l’essentiel. D’une proposition à l’autre, de prises de conscience en explorations, de partages en éclats de rire, de méditations en pas de danse, nous cheminons et grandissons ensemble. Et nous prenons d’ailleurs joyeusement le temps de célébrer les victoires et les avancées. Dans la conscience que chacun fait de son mieux à chaque instant. Un pas après l’autre.
Calme et clarté
J’ai également continué à régulièrement pratiquer une cérémonie très simple et pourtant essentielle qui consiste tout simplement à couper téléphone et ordinateur pendant quelques heures ou une journée. L’illusion est de parfois croire que nous allons rater quelque chose en le faisant. Mon expérience m’a montrée que c’est en ne le faisant pas que je passe à côté de quelque chose de précieux. Revenir au silence. Plonger pour contacter ses propres réponses issues du calme et de la clarté offerts par une saine distanciation des médias ou des réseaux sociaux.
Courageusement oser aller à la rencontre de ses propres résistances et auto critiques pour mieux les lâcher. Ce qui nous empêche d’embrasser pleinement le moment, au delà de l’inquiétude ou de l’incertitude, ce sont tous les reproches entretenus à notre égard, ou à l’égard d’une situation, qu’ils concernent le passé ou le futur. Et si, le temps d’un instant, nous cessions de croire que nous devrions être autrement, ailleurs, mieux, après, avant, etc. Qu’il devrait en être autrement. L’acceptation passe en premier lieu par la reconnaissance de là où nous en sommes sans jugement. La transformation vient ensuite. Et si nous considérions être assez, quelle pourrait être alors l’action posée depuis un espace d’amour plutôt que de comparaison ou de blâme ?
S’autoriser à revenir dans la complétude de l’instant, changer le discours intérieur et porter sur soi un regard différent permet de goûter une paix et une joie indépendantes des circonstances extérieures.
Et vous ?
Quels sont les aspects de vous que vous avez contactés au cours de ces dernières semaines ? Quelles sont les qualités que cette période a finalement mis en lumière en vous ? Avez-vous pris le temps d’honorer votre beauté ?
Nous sommes Aujourd’hui. Souriez. Honorez la Beauté en vous. Cultivez l’Amour !